La honte 9/9

Après avoir refermé la porte, je reprends la direction de ma chambre, en tenant bien fermement le précieux sésame à l’abri, dans ma poche.

Sur mon chemin, je croise plusieurs employés en train de se rendre à la salle commune pour leur séance et je sens mon rythme cardiaque s’accélérer. Je suis certain de ce que je m’apprête à faire et pourtant cela me semble complètement irréaliste.

Quinze minutes plus tard, je suis assis sur mon lit, dos contre le mur, le cutter pris dans la poche de Rachel fermement tenu dans ma main droite. Je sais que leur séance est sur le point de commencer et je vois le moment le plus propice pour en terminer arriver à grands pas. Pourtant, pas une seconde je doute. J’ai l’esprit parfaitement clair et l’idée de pouvoir enfin tourner la page sur tout ce qui s’est passé un mois plus tôt est une totale délivrance.

Prenant une grande inspiration, je m’entaille profondément le poignet gauche sans un bruit. Changeant le cutter de main, je tente tant bien que mal de faire l’autre en silence. Le sang, l’engourdissement et certains tendons visiblement coupés, ne me facilite pas vraiment la tâche. Je finis tout de même par arriver à mes fins et je repose l'outil à côté de moi, satisfait.

Je reste ainsi, a regardé la végétation luxuriante du parc de l'autre côté de la vitre et je pense une dernière fois à mes amis. Les larmes me submergent à nouveau et je me mets à pleurer silencieusement pour ne pas attirer l’attention. Dans quelques secondes, je rejoindrai enfin l’endroit que j’aurais dû atteindre il y a maintenant trente-trois jours. Satisfait, je me concentre sur ma respiration et je commence à me sentir aérien. Tout autour de moi devient tout à coup impalpable, imperceptible. Mon esprit s’aventure encore quelques instants dans d’autres souvenirs, beaucoup plus joyeux avant que finalement ma tête ne soit trop lourde.

Je me sens partir sur le côté sans aucune résistance. Et alors que tout autour de moi la pièce commence à s’obscurcir, je m’imagine ce qu’aurait pu être ma vie sans cet accident. Je me vois aimant une femme, avec un ou deux enfants. Mes amis riant autour de moi lors d’une fête quelconque. À cet instant, la douleur de leur mort et la honte de ma faute me reviennent une dernière fois en mémoire, avant qu’enfin n’arrive la délivrance.

Comments

[Flow]

J'ai adorer tres belle histoire ..même si la fin est triste on se dit que la vie et trop. Tu nous transporte directe dans un autre monde j'attends la prochaine me rejouis

[F.Curchod]

Merci Flow. Très heureux que l'histoire t'ait plu. Rendez-vous dès le 1 mars pour la prochaine nouvelle.
Bonne journée
F.