LA SOUFFRANCE 1/17

Aline sursauta lorsqu’elle entendit sa mère tambouriner à la porte en hurlant :

—Lève-toi feignasse.

L’adolescente émergea lentement, le cœur battant la chamade. Elle ouvrit un instant les yeux et à son grand désarroi, elle n’était pas dans l'imposante et belle maison dont elle avait rêvé toute la nuit. Au lieu de ça, elle aperçut l’habituelle fenêtre donnant sur la salle de bain de Mr Biloska. Un homme vieux et aigri, qui ne loupait pas une occasion de se mettre à poil, sachant pertinemment qu’une partie des habitants de l’immeuble d’en face pouvait le voir. Un bruit d’eau rappela également à Aline que la fuite provenant du toit n’était toujours pas réparée. Elle ne devrait surtout pas oublier de vider le seau avant de partir, pour éviter de se retrouver avec une chambre inondée à son retour de l’école.

Encore dans le cirage, elle se leva tant bien que mal pour aller s’habiller. Elle chercha désespérément des vêtements propres, mais elle dut déchanter. Elle récupéra à la hâte un pantalon noir et un top clair qui semblaient être moins sales que le reste et en à peine deux minutes, elle quitta sa chambre pour rejoindre la salle de bain. En traversant le couloir, elle entendit sa mère lui beugler de se dépêcher.

Aline jeta un œil à son smartphone et elle soupira en découvrant qu’elle allait à nouveau être en retard. Depuis le début de l’année scolaire elle y était habituée, mais elle détestait devoir subir l’humiliation de traverser la classe devant tout le monde en les entendant ricaner sur son passage. Pourtant, elle n’arrivait pas à trouver l'énergie nécessaire pour couper son réveil et se lever à temps pour être à l’heure.

L’adolescente se coiffa rapidement, avant de s’arroser du parfum bas de gamme qu’elle avait déniché dans la petite boutique tenue par Mr Zang au rez-de-chaussée de l’immeuble.

Démotivée, Aline agrippa son sac d’école dans le salon avant de jeter un coup d’œil à sa mère, vautrée dans le canapé. Cette dernière ne tourna même pas la tête dans la direction de sa fille et ne pipa mot lorsqu’elle quitta l’appartement.

Lorsque les portes de l’antique ascenseur s’ouvrirent sur le rez-de-chaussée, Aline découvrit face à elle son amie Zoé, affalée contre le mur d’en face.