LA JALOUSIE 6/13

—Je ne veux pas que tu le revoies, lâcha-t-il, lui-même un peu surpris par sa phrase.

—Alors là tu rêves, répondit Alice immédiatement. Tu n’es pas mon père ou ma bonne conscience. Je fais ce qu'il me plait.

—Arrête, hurla Kilian. Ce mec cherche à te baiser et je ne le laisserai pas faire ça !

—Mais t’es grave, déclara Alice et mettant son doigt contre sa tempe. Tu as vraiment un grain. Ça veut dire que tu ne me fais pas confiance ?

—Non, ce n’est pas toi, mais lui. On sait très bien qu’un type qui va boire un verre avec une nana, ce n’est jamais sans arrière-pensées.

—N’importe quoi, objecta Alice pas tout à fait sur d’elle.

—Ce que t’es naïve !

—Et toi doctrinaire, indiqua-t-elle, provocant la surprise de son conjoint. Tu ne sais pas ce que ça veut dire ?

—Si, mais je ne vois pas ce que ça vient faire là, voilà tout 

—Tu es attaché à l’idée que les hommes et les femmes ne peuvent pas être amis. Qu’ils ne sont faits que pour baiser, procréer ! Tout ça parce que dans toutes ces séries américaines on te le fait croire. Ce n’est pas toujours la vérité !

—Contrairement à toi, je connais les hommes. Je sais ce qu’ils ont dans la tête, j’en suis un ! Si ce mec n’a pas envie de te culbuter, c’est qu’il est gay.

—Putain, mais t’es incroyable, signifia Alice en rigolant à moitié. Ça aussi c’est un cliché !

—Peut-être, mais moi je les repère à un kilomètre ces gens-là.

—Tu te rends compte de ce que tu dis ? C’est à la limite de l’homophobie !

—Non, je me fais juste du souci, c’est tout, répondit Kilian pour remettre la conversation dans son contexte d’origine. J’ai peur. Tu comprends ça ?

—Qu'est-ce que tu crains, demanda Alice qui ne saisait pas bien ce qu'il essayait de lui expliquer.

—Les mouches, lui répliqua-t-il ironiquement.

Sentant une colère sans précédent monter en elle, Alice avait tourné les talons et quitté la pièce sans un mot, laissant seul son conjoint.