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La vengeance 2/9

Publié le par F.Curchod

Alors je sais, toute seule, je ne pourrai pas faire changer les choses. Tout le monde devra à un certain moment s’y mettre pour sauver ce qui reste de notre planète, mais il faut bien commencer quelque part et j’espère que ce geste fort, fera en réfléchir plus d’un.

L’homme se dirige enfin vers l’entrée ou il récupère sa mallette et sa veste avant d’aller embrasser la jeune femme qui partage sa vie depuis quelques semaines. Cela fait un moment que je le surveille et je constate qu’il en change environ tous les six mois, comme si elles étaient des produits périssables.

Il ramasse ses clés sur le guéridon Louis XVI proche de l'entrée, puis il envoie une remarque désobligeante à sa compagne avant de passer à l’extérieur de la maison. In extremis, je me glisse discrètement dans son dos avant qu’il ne referme la porte. Il reste là, à chercher quelque chose dans ses poches et jurant bruyamment. Finalement, il trouve l’objet tant convoité dans l’un des nombreux compartiments que compte sa mallette. Il s’empresse de se l’enfiler dans la bouche pour en embraser le bout. C’est un immense cigare cubain, importer illégalement. Il a pris la mauvaise habitude de s’en allumer un tous les matins avant de monter dans la grosse voiture polluante qu’il utilise pour se rendre à son bureau.

Alors qu’il se met en route, immédiatement suivi par moi, j’imagine la forêt pleurer sur son passage. Nous parcourons ainsi quelques kilomètres dans un écrin majestueux, associant adroitement les couleurs de l’automne. Je sais parfaitement que lui ne lèvera pas la tête de son tableau de bord pour profiter du spectacle, mais moi oui. Certaines feuilles encore vertes se mêlent au jaune, à l’orange ou encore au rouge, qui annonce le retour prochain du froid et de la neige.

Après près de dix minutes de route, l’homme arrive à un carrefour. Mon attention se reporte pendant quelques instants sur cet endroit. Il l’a déjà emprunté à de très nombreuses reprises, sans rencontrer le moindre problème, mais ce soir tout ne se passera pas comme prévu pour lui.

Comme à l’accoutumer, il prend sur sa droite en « oubliant » d’utiliser le cynophile. Il continue sa route pendant encore une vingtaine de minutes avant de rallier la grande ville où se trouve son entreprise. Il gare discrètement sa voiture dans l’immense parking souterrain, avant de rejoindre le petit ascenseur privé qui l’emmène instantanément au dernier étage du bâtiment.

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