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L'INCOMPREHENSION 4/15

Publié le par F.Curchod

Pierrick les regarda choquer. Depuis qu’il avait quinze ans et qu’il avait pris la décision d’arrêter le foot pour faire enfin ce qui lui plaisait, il n’avait essuyé que des critiques. Il savait pertinemment qu’il était considéré comme le mauvais fils ou le vilain petit canard, mais pas à ce point-là. Plus le temps avançait et moins ils se voyaient avec un effet inverse sur les reproches de sa famille. Elles devenaient de plus en plus virulentes, a force que son père sentait arriver la fin de carrière de Tom. Il commençait déjà à mettre la pression sur Jack, son petit-fils, pour qu’il marche dans les traces de son grand-père, mais ce dernier semblait bien plus attirer par le travail de Pierrick, pour son plus grand bonheur.

—Et toi Lucie, tu n’aimerais pas faire du football, demanda son père. Tu sais, maintenant les filles peuvent aussi y jouer et gagner beaucoup d’argent, si elles sont talentueuses.

—Ne commence pas à lui mettre ce genre d’idée dans la tête, ordonna Pierrick. Elle n’a que quatre ans !

—Justement, c’est maintenant qu’elle doit entamer sa formation si elle souhaite avoir une chance de percer. J’ai appelé un ami qui entraine dans le club de la ville et il aimerait la voir jouée.

—Et moi non, indiqua Pierrick. Si elle veut faire du football, je ne l’en empêcherai pas. Mais pour le moment, elle ne nous en a jamais parlé.

—Tu vas aussi brider tes enfants, demanda son père qui leva le ton. Que tu foutes ta vie en l’air, soit ! Mais ne fais pas la même chose avec eux. Ils ont le droit de vivre leurs rêves !

—Oui, le leur. Pas ceux d’un vieux grand-père aigri, répondit Pierrick en haussant à son tour la voix.

—Je ne suis pas aigri, je veux juste m’assurer que ton manque d’ambition ne détiendra pas sur tes enfants. Ce n’est pas leur faute, si leur géniteur est un mou, qui n’a jamais souhaité faire quelque chose de grand dans sa vie.

Pierrick se leva, prêt à le frapper par-dessus la table, mais sa main lui agrippa délicatement le poignet, le faisant immédiatement redescendre sur terre. Il jeta un coup d’œil à ses deux enfants, toujours assis, mais visiblement effrayés par leur prise de bec.

—Tu sais quoi papa ? Va te faire foutre, scanda Pierrick en accompagnant ses paroles d’un geste obscène avant de quitter la pièce.

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