LA RAGE 2/5

Mon antique gouffre s’est rappelé à moi et en quelque temps, j’ai perdu mon emploi, j’ai vidé le stock de bouteilles du drugstore et je me suis mis la plupart de la ville à dos. Elle avait profité de mon triste état pour venir de reformuler sa proposition. Ces arguments étaient de plus en plus convaincants et elle me fit remarquer que lorsque j’étais sous sa protection, il ne m’arrivait rien. Quand elle prenait soin de moi, je ne passais pas mon temps à me détruire.

J’étais encore très méfiant en acceptant finalement sa proposition et en lui demandant de ne pas être trop exigeante avec moi. À ce moment-là, je ne me sentais pas capable de réaliser la moitié des choses dont elle m’avait parlé. Eris avait été très compréhensive. Elle m’avait assuré qu’elle prendrait le temps de me former et qu’elle ne m’en voudrait pas si de temps à autre je ne réussissais pas toutes les tâches qu’elle me confiait, tant que je faisais de mon mieux.

Pendant près de six mois, je l’avais suivi partout pour en apprendre plus sur son credo et pour connaitre toute son histoire. J’avais vite été emballé par ce qu’elle cherchait à accomplir et il ne me fallut pas longtemps pour lui vouer une totale allégeance.

À la fin de ma formation, elle m’avait déclaré qu’elle était fière de moi, du parcours que j’avais choisi de suivre depuis quelques mois, mais elle m’avait aussi expliqué que ce n’était que le début du voyage. Pour me faire totalement confiance et pour prouver définitivement que je lui étais dévoué, elle avait besoin que je remplisse une tâche importante et ingrate.

Je devais me rendre dans un autre Etat, afin de couper un tube et ainsi empêcher une information primordiale d’être divulguée. L’opération semblait extrêmement simple au premier abord, mais elle devait être réalisée dans un parc public ou je risquais d’être découvert à tout moment.

 J’avoue que sur le moment, j’avais un peu paniqué. Je n’avais aucune compétence dans ce domaine, comme être sûr que j’allais trancher à la bonne place ?

Ma déesse m’avait apaisé en m’expliquant qu’il n’y avait besoin d’aucune connaissance particulière pour y arriver. Il suffisait simplement de couper tout le canal pour ne pas prendre de risque.

Malgré sa réponse et ses encouragements, je n’étais toujours pas rassuré en débarquant là-bas. Pour ma première mission sur le terrain, elle avait décidé de m’accompagner lors du repérage afin de m’aider une dernière fois à tout planifier, mais je devrais ensuite intervenir seul. Nous avions presque passés trois nuits à surveiller les allées et venues des passants dans le parc pour repérer le moment et l’emplacement parfait pour intervenir.