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LA RAGE 5/5

Publié le par F.Curchod

Je restai ainsi, à savourer ce moment qui me sembla intemporel en avalant l’odeur agréable qui se dégageait de ses cheveux. Ils sentaient les fleurs sauvages et pendant un cours instant, j’imaginai que si j’avais suivi la voie toute tracée que mes parents me préparaient, j’aurais fini ma vie avec une femme dans son genre, dans un petit pavillon de banlieue. Je chassai rapidement cette pensée parasite en me rappelant qu’à aucun moment de mon existence, je n’avais voulu entrer dans le moule de cette société impie. Puis, dans un mouvement parfait qui l’empêcha toujours de bouger ou de se débattre, je relevai mon buste. Le bras qui se trouvait dans mon dos fendit l’air et en un éclair, il trancha la gorge de ma nouvelle amie.

À cet instant précis, je vis son regard changer. Je n’y perçus plus la peur. À la place, je découvris plutôt l’angoisse et la souffrance. Une douleur visiblement sourde, car aucun son ne sortit de sa bouche. Ma déesse avait raison, il suffisait apparemment de tout trancher pour empêcher toute information de s’évader de ce corps.

Je relâchai mon étreinte après m’être assuré qu’elle ne pourrait plus être en mesure de crier ou de se déplacer, avant de me relever légèrement et de profiter du spectacle. Libérée de toute contrainte, elle apposa une main sur son cou en essayant de stopper le flux de sang qui s’échappait de sa gorge pour aller se mêler à la fraiche rosée du matin. De l’autre main, elle attrapa un objet dans sa poche que je reconnus rapidement comme un smartphone. Je lui attrapai vigoureusement avant qu’elle n’ait eu le temps de s’en servir.

—Merci, je vais en avoir besoin pour accéder à vos données. Pourriez-vous aussi me passer vos clés, je lui demandai en ricanant.

Je vis un torrent de larmes apparaitre rapidement sur ces joues alors que je me délectai du spectacle. À ce moment-là, penché au-dessus d’elle, je me sentis extrêmement fier de moi. Je n’avais qu’une hâte, retourner rapidement auprès de ma déesse pour recevoir ces louanges. Mais avant, je devais encore m’assurer jusqu’au bout que ma mission était un total succès.

Je restai ainsi pendant de longues secondes à la regarder se débattre pour empêcher ses dernières forces de la quitter. Au loin, je contemplai le soleil, qui commença à pointer le bout de son nez au-dessus des lointains gratte-ciel. Légèrement impatient, je décidai d’accélérer le processus pour ne plus perdre de temps. Je l’attrapai énergiquement par le cou et je serai le plus fort possible. Sous l’effet de l’adrénaline, je me mordis la lèvre jusqu’au sang sans même m’en rendre compte. Une puissante vague de colère me pénétra et je sentis ma vraie nature sortir enfin au grand jour. La sensation fut douce et agréable. Pour la première fois de ma vie, j’eus l’impression d’être véritablement à ma place.

Entre mes doigts, je perçus son sang chaud, me couler le long des bras. Je perçus ses derniers battements de cœur de plus en plus faible entre mes mains, puis finalement au bout d’un moment qui me sembla irréel et totalement intemporel, il n’y eut plus aucun mouvement.

Légèrement hagard, je découvris son corps raide, ses yeux bleus définitivement fermés et sa poitrine, qui cherchait encore de l’air quelques instants auparavant, désormais totalement inertes.

Je laissai son cadavre s’effondrer lourdement sur le sol humide et je sentis mes jambes flancher. Je m’agenouillai pour ne pas perdre l’équilibre et ma vision se troubla légèrement. La sensation fut enivrante et un instant plus tard, la rage m’envahit pour de bon pour ne faire plus qu’un avec moi. À ce moment-là, parfaitement apaisé, je sentis qu’elle ne me quitterait plus jamais.

 

FIN

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E
Triste fin une bonne soirée à toi bis
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