La joie 4/8

J’acquiesce d’un signe approbateur de la tête avant de prendre mes clés et de retourner à l’extérieur pour me jeter dans ma vieille 106 déjà brûlante.

Comme tous les mercredis matin, je me rends à la mairie pour la réunion hebdomadaire des responsables communaux. À tour de rôle, chaque année, un paysan est désigné pour suivre ces interminables séances ou les gens parlent pour ne rien dire.

Comme d’habitude, je m’installe au font de la pièce ou je sais que je ne serai ni dérangé, ni épier et j’ouvre mon calepin. Entre les factures et autres courriers désagréables dont je voulais m’occuper, je trouve quelques pages blanches que j’attrape pour griffer. Je passe ainsi près d’heure et demie, seulement dérangé une fois pour savoir si quelques paysans pourraient donner un coup de main au montage de la fête villageoise du mois d’octobre. Aux alentours de onze heures trente, voyant le repas arriver, je sens la séance s’accélérer. Alors que nous sommes sur le même problème depuis près d’une demi-heure, je regarde les participants jeter tour à tour un œil sur leur montre ou sur la grosse horloge accroché au-dessus de la porte. Tout à coup, des solutions sont trouvées pour chaque problème alors qu’un peu plus tôt, ils semblaient insurmontables. J’ai vraiment hâte d’en finir avec cette année pour être débarrassé de cette corvée que je devrai me coltiner à nouveau dans six ans.

Je sors finalement vers douze heures trente de la maison communale. Habituellement, ils sont plus ponctuels, mais cette fois, l’un des points a pris plus de temps que prévu. Ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord et la séance de la semaine prochaine promet d’être houleuse.

En rejoignant ma voiture, je tombe nez à nez avec le maire qui prend le chemin de son appartement. Après une seconde d’hésitation, je m’approche de lui en disant :