La joie 8/8

Sans même passer un pantalon, je me rue vers l’escalier ou je traverse l’entrée au pas de course pour sortir dans la cour. Je continue jusqu’à la vieille grange qui me sert désormais de remise et j’attrape toutes les bâches disponibles que j’étale dans la cour. En quelques minutes j’improvise plusieurs bassins pour perdre le moins d’eau possible. Je sors même la piscine des enfants qu’ils n’ont pas pu utiliser cette année à cause de la restriction.

Ensuite, j’attends. Je suis en caleçon, pied nu et je regarde le ciel avec convoitise. Le temps me semble long et après presque vingt minutes, je commence à perdre espoir. Les éclairs se font de plus en plus lointains au fil des minutes.

Je m’apprête à perdre espoir et à ranger toute mon installation, quand un clapotis, rapidement suivi d’un autre me stop net. Puis tout à coup, je sens une goutte me tomber sur la tête, immédiatement suivie d’une deuxième. Je regarde autour de moi et je vois la cour commencer à briller sous la lumière que j’ai laissée allumer dans la grange. Progressivement, les quelques gouttelettes se transforment en une pluie abondante et puissante.

L’eau est froide et pourtant je reste là, à genou à savourer ce moment, trempé jusqu’aux os. Alors qu’elle m’avait quittée le matin même, je retrouve instantanément la joie de vivre qui m’habite d’ordinaire. Une joie intense et vive, comme un enfant le matin de Noël.

FIN