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La tristesse (acte 2) 6/9

Publié le par F.Curchod

Après avoir finalement payé la course, je me dirige vers l’ascenseur de l’immeuble en trainant légèrement les pieds. Je prends tout mon temps pour rejoindre notre logement en cherchant désespérément une solution pour repousser l’inévitable.

Avant d’entrer, je reste quelques secondes avec la main sur la poignée de porte sans trouver la moindre idée que je pourrais exploiter et après une ultime respiration, je pénètre finalement dans l’appartement.

En m'engouffrant dans la pièce à vivre, je le découvre face à la grande baie vitrée et sans attendre un geste de sa part, je m’approche rapidement de lui et je le prends dans mes bras avant même qu’il ait eu le temps de se retourner.

Après une longue étreinte, je le lâche finalement et je lui dis :

—Je suis content de te revoir Daniel. Où étais-tu passé ?

—Bonjour grand-père. Je suis désolé d’avoir disparu ainsi pendant tout ce temps. L’autre jour après notre dispute, j’ai ressenti le besoin de quitter cette ville. J’ai parcouru plusieurs dizaines de kilomètres et j’ai rencontré des gens. Au départ, je ne pensais partir que quelques heures, mais je n’ai pas vu le temps passer. Pour la première fois, j’ai eu l’impression d’être en vie.

Un silence gênant s’installe entre nous ou je commence à me demander ce que j’ai bien pu faire de faux dans son éducation pour ne pas me rendre compte qu’il n’était pas heureux puis il reprend :

—J’ai vécu cinq jours mémorables ou le temps m’a semblé passé à une vitesse folle. J’ai vu des animaux sauvages, j’ai fait de l’escalade sur de véritables parois en pierre et du parapente ! J’ai contemplé la nature dans toute sa splendeur en me demandant pourquoi nous n’avions jamais traversé les ponts qui nous en séparaient. Au début, je croyais que tu n’aimais tout simplement pas ça. C’est vrai que cette ville est importante pour toi et que tu y as passé toute ta vie, mais je me suis rappelé que tu avais énormément voyagé en étant jeune et que tu connaissais beaucoup de choses sur les arbres ou les plantes. Tu ne pouvais donc pas m’avoir « enfermé » dans cette ville durant tout ce temps pour cette raison.

—Non, Daniel, je commence avant qu’il ne me coupe sans ménagement.

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