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La tristesse (acte 2) 8/9

Publié le par F.Curchod

—C’est normal…

—Oui, mais tu ne peux pas savoir comment je souffre ! Si tu n’avais pas été-là, je serais déjà allé la rejoindre depuis longtemps. C’est pour cela qu’il m’est aussi facile de m’en aller. Il me tarde de la retrouver. Mais depuis ton départ, je me suis remis en question et je pense comprendre les sentiments qui t’animent. Pour toi, c’est difficile de me voir mourir. Mais si ce que tu dis est vrai, cette fille pourrait bien être la personne qui comblera le vide que je vais laisser.

—C’est pour ça que je suis revenu grand-père. Depuis que je t’ai quitté l’autre jour, moi aussi je me suis remis en question. Comme je te l’ai dit, j’ai passé plusieurs jours merveilleux auprès de Lory, mais ce n’est pas pour autant que j’ai envie de te voir partir. Pour le moment je suis heureux avec elle, mais si dans quelque temps tout de se passe pas comme prévu, qu’est-ce que je ferai ? Tu ne seras plus là pour me donner tes conseils !

—Oui, mais c’est la vie. Tu sais, quand tu étais enfant, à plusieurs reprises je me suis senti perdu dans ce monde en train de se métamorphoser de plus en plus rapidement. Élever mon petit-fils dans ces conditions a été très difficile pour moi. Déjà lorsque ta mère était adolescente, j’avais l’impression d’être dépassé face aux nouvelles technologies et tous les problèmes des jeunes. Et quand ça a été ton tour, j’ai eu vraiment le sentiment d’être un dinosaure ! Et pourtant je m’en suis sorti, même si souvent je me suis senti démuni et seul face à tout ça.

—Mais, si après ton départ je fais des erreurs. Si je me trompe de route, qui me remettra sur le droit chemin ?

—Personne, toi-même ou alors une rencontre impromptue ! Je sais que je ne suis pas le mieux placé pour dire cela, mais quelquefois dans la vie il faut prendre des risques. D’ailleurs, la vie elle-même en est un !

Nous nous regardons dans les yeux pendant un petit moment, sans échanger le moindre mot et au bout de quelques secondes, je le vois fondre en larme avant de s’approcher de moi pour me serrer dans ses bras en disant :

—Tu ne peux pas savoir comment tu vas me manquer grand-père !

—Toi aussi Daniel, je lui réponds en comprenant qu’il est enfin prêt à me laisser partir.

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