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LA SOUFFRANCE 13/17

Publié le par F.Curchod

Elle les quitta rapidement, sentant leur regard l'observer jusqu’à ce qu’elle bifurque dans une avenue qu’elle n’empruntait jamais. C’était à l’opposé de la direction qu’elle aurait dû suivre pour rentrer chez elle, mais elle avait une autre idée en tête.

La bouteille d’eau pleine de drogue, la petite ruelle sombre, le préservatif. Tout était préparé. Il savait aussi qu’elle était encore vierge ! Ce fils de pute était visiblement bien renseigné sur elle, trop même. Qui avait bien pu lui dire tout ça ? Pour le moment, elle n'en avait aucune idée, mais elle était bien décidée à lui faire cracher le morceau.

Pour ça, elle traversa une bonne partie de la ville avant d’entrer dans une armurerie dont elle avait entendu parler.

À l’intérieur, un homme chétif se trouvait derrière un comptoir. Il lisait un magazine pornographique, qu’il posa quand l’adolescente l’approcha.

—Bonjour, je cherche un flingue. Vous pouvez m’aider ?

—Tu as quel âge ma petite, demanda-t-il.

—Vingt ans, répondit-elle avec assurance.

—Désolé, mais je ne te crois pas, déclara-t-il d’un ton très ferme.

—J’ai de quoi vous payer.

Écoute. J’en vois passer de temps en temps des ados dans ton genre en quête de sensation forte, mais maintenant je ne me fais plus avoir. Je ne te vendrai pas d’arme.

—Vous croyez que je suis là pour quoi ? Allez tirer sur des canettes ou des petits animaux ?

—Ouais, comme tous les autres. En tout cas, je l’espère !

—Non, on m'a violée hier soir, lui indiqua-t-elle sans détour en soulevant son chemisier.

L’homme en face d’elle découvrit son bas ventre, noirci par les coups qu’elle avait reçus de son agresseur. Il se mordit le poing et il hésita une seconde avant de répondre :

—Tu devrais aller voir la police.

—Ah bon ? Je suis surprise que vous me disiez ça. Je pensais que quelqu’un dans votre position, de se permettrait pas un tel conseil.

—Tu connaissais Mélodie, compris le petit homme en la dévisageant.

—Oui, un peu. On était dans le même collège et elle était l’une des rares personnes qui ne me détestaient pas.

Une larme apparut au bord de ses yeux et l’armurier renifla bruyamment. Un silence de plomb s’installa entre eux durant lequel ils se dévisagèrent, puis Aline reprit :

—Je sais que celui qui a fait ça a été relaxé à cause d’un vice de procédure et je ne veux pas que cela m’arrive également. Contrairement à Mélodie, je suis encore en vie pour me venger, alors aidez-moi.

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