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LA SOUFFRANCE 15/17

Publié le par F.Curchod

—Qu’est-ce que tu fous là à cette heure ? demanda-t-elle sans même lever les yeux de la télé.

—Putain, mais t’as même pas remarquée que je n’avais pas dormi ici ?

—Nan, tu fais ce que tu veux de toute façon, j’en ai rien à foutre.

Un instant, Aline voulut lui dire ce qui lui était arrivé, mais elle se ravisa. Sa mère ne semblait pas s’intéresser à son existence et l’adolescente pensait même qu’elle serait capable de la railler. Elle lutta contre sa volonté pour ne pas sortir son arme et lui faire payer tout ce qu’elle avait endurée. Le cœur battant la chamade, elle réussit finalement à retrouver ses esprits in-extremis.

—Tu vas aller au cours, demanda-t-elle en la regardant enfin.

—Non, je ne me sens pas très bien.

—Casse-toi, ordonna sa mère en lui lançait une canette de bière vide qu’Aline évita de justesse.

—Mais maman, je ne suis pas…

—Je m’en fous, tu te barres. Patrick vient me rendre visite ce matin et je ne veux pas t’avoir dans les pattes.

Aline voulut redire quelque chose, mais encore une fois elle se rétracta en découvrant le regard de sa mère. Tout ce qu’elle pourrait dire ne modifierait pas la décision qu’elle avait prise. Son Jules venait lui rendre visite deux fois par semaine et l’adolescente devait impérativement quitter la zone pendant cette période.

—D’accord, capitula-t-elle. Je vais me changer et je pars.

Sans attendre de réponse, elle se rendit dans sa chambre ou elle se déshabilla. En sous-vêtement face au miroir, elle découvrit son corps meurtri. Son bas-ventre était noir et chaque respiration la faisait souffrir. À l’arrière de sa tête, elle sentit des croutes de sang en passant ses doigts, mais aucune marque n’était visible à travers sa chevelure. Elle se regarda dans les yeux et elle eut l’impression de voir une épave. Cela faisait plusieurs mois qu'elle n'était pas bien, mais elle ne pensait pas qu’il était possible d'être aussi seule, blessée et mal dans sa peau. Pour la première fois depuis longtemps, elle pleura. De grosses gouttes se formèrent sur sa joue, pendant qu’elle se laissait aller en silence, pour que sa mère ne lui reproche de n’être qu’une pleurnicharde.

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