LA SOUFFRANCE 5/17

Aline sourit au professeur, qui ne remarqua rien et lança :

—Bon, cette fois ça suffit. Vous l’aurez cherché. Interrogation pour tout le monde.

Toute la classe, y compris Aline se plaignit d’une seule et même voix, alors que l’instituteur commençait à circuler entre les tables pour distribuer les copies.

—J’espère que vous y réfléchirez un peu plus sérieusement la prochaine fois, avant de dire de telles inepties, indiqua le professeur. Vous avez trente minutes, pas une de plus.

Aline passa la demi-heure suivante à essayer de limiter les dégâts. Le sujet qu’ils traitaient en cours depuis quelques semaines ne passionnait pas spécialement l’adolescente. En plus, avec les horaires de fou qu’elle se faisait le soir pour gagner quelques euros, elle n’avait pas une seconde pour ouvrir ces livres de cours.

À seize heures, elle fut enfin libérée de cette énième journée insupportable ou l’ensemble de sa classe avait semblée lui reprocher tous les malheurs du monde. Depuis le temps, elle en avait l’habitude, mais leur attitude lui faisait toujours aussi mal. Ne pouvait-il pas se passer un seul cours où tous ces petits cons décideraient enfin de la laisser en paix ?

Quelques minutes plus tard, elle retrouva enfin son amie Zoé dans la cour du collège. Elle sortit par la grande porte, accompagnée de deux garçons qu’elle congédia en arrivant vers Aline.

—Enfin fini, annonça-t-elle avec un large sourire en passant devant Aline. Qu’est-ce que cette après-midi a été longue !

—M’en parle pas, répondit-elle en emboitant le pas de son amie. En plus, on s’est chopé une interro surprise ce matin.

—C’est toujours chiant ça, confirma-t-elle un peu ailleurs, semblant se désintéresser du sujet. Tu bosses ce soir ?

—Oui, malheureusement. Pourquoi ?

—Je souhaitais te présenter mon mec. Plus je repense à notre discussion de toute à l'heure et plus je me dis que tu dois te trouver un gars qui te fera grimper au plafond.

—Tu ne veux pas arrêter avec ça, ordonna Aline. Tu sais, il n’y a pas que le sexe dans la vie !

—Alors là, je crois vraiment que tu es mal placée pour en parler, rétorqua Zoé excédée. Est-ce que tu t’es au moins déjà caressé une fois ? Je suis sûre que non, continua-t-elle sans laisser à Aline le temps de répondre.

—Mais qu’est-ce que ça va me changer, demanda-t-elle ? J’ai tellement de souci ces temps et je suis si mal dans ma peau, que je n’ai même pas l’envie d’y penser.

—Tu devrais te forcer un peu, proposa Zoé. Tu verras, ça va te faire oublier tous tes petits problèmes.

—J’en doute, répondit simplement Aline, toujours pas convaincue.